Le zèbre (est) et l’arbre. On parle souvent de la pensée en arborescence du surdoué. Le surdoué pense en arborescence.Qu’est ce que ça veut dire? Comment pensent les autres ? Ma vision de la pensée du zèbre.

J’aimerais tout d’abord commencer cet article par dire que selon moi nous sommes vraiment au balbutiement de la connaissance du cerveau, de son fonctionnement, de ses capacités, etc… et qu’il nous réserve probablement bien des surprises étant donné sa complexité.

Pensée en arborescence et pensée linéaire

On distingue 2 types de pensées: La pensée dite linéaire, ou séquentielle et la pensée en arborescence ou divergente (intuitive).

La pensée séquentielle est une pensée logique

La pensée séquentielle est une pensée qui suit un raisonnement logique, qui amène une idée qui elle même va générer une autre idée, ainsi de suite, de façon ordonnancée. C’est un mode de pensée privilégié par la majorité des individus et encouragé, valorisé par le système scolaire. Ce type de pensée produit un discours clair, construit, logique.

La pensée en arborescence est une pensée intuitive

La pensée en arborescence est comme son nom l’évoque faite de ramifications (tel les branches d’un arbre). Une idée va générer 10 idées qui vont chacune en générer 10 autres etc…C’est le mode de pensée privilégié du surdoué, du zèbre. En effet le surdoué possède plus de connections neuronales ce qui favorise ce type de pensée intuitive.

Mais la pensée en arborescence n’est pas l’apanage du haut potentiel. Tout le monde peut penser en arborescence. La différence c’est qu’une personne classique (normo-pensante) doit se mettre «en mode» arborescence, car ce n’est pas son mode naturel contrairement aux HP.

Plus une personne est créative et plus cette forme de pensée lui sera facilement accessible. Cependant la pensée du HP est plus riche, créative, les liens sont nombreux, surprenants, originaux.

Comment reconnaître une pensée en arborescence ?

Cette forme de pensée peut être déroutante pour un interlocuteur classique. La personne peut être décontenancée par les liens établis, par le discours dont le cheminement insolite peut paraître confus, et qui pourtant suit une logique intuitive et dont l’issue sera souvent très pertinente.

Docteur, je crois que je suis folle. Je me pose 3 millions de questions, ça part dans tout les sens, j’ai un mal fou à exprimer ce que je veux dire et je suis épuisée.

La personne surdouée qui ignore son fonctionnement peut en effet être perturbée par cette façon de pensée. Son type de questionnement particulier, différent des autres et sans limite, peut lui laisser croire qu’elle a un problème.

connexion cerveau

Elle peut associer cette arborescence à un stress intense (qui effectivement pourra en être un surtout par méconnaissance), car en plus, à cette forme de pensée, est associé bien souvent le doute, et la remise en cause permanente. C’est également la différence, le décalage, la comparaison, le regard des autres qui contribuent à la faire douter de sa santé mentale.

Mais pourquoi se contenter de parler des branches (pensée en arborescence) et escamoter le reste de l’arbre? Je trouve cela dommage car réducteur.

Pour moi, c’est l’arbre dans son entier qui symbolise la façon de pensée du zèbre. La racine inspire la branche…la branche interroge la racine…

En effet, un zèbre n’a pas des pensées foisonnantes qui partent dans n’importe quels sens, mais plutôt des pensées par associations d’idées, inspirées, guidées, sur différents plans, différents aspects, différents niveaux…et c’est en cela que son fonctionnement est très intéressant.

Association de l’hypersensibilité du zèbre et de sa pensée en arborescence

Être zèbre, c’est être en capacité de saisir le murmure, l’impalpable, l’imperceptible le détail, le lier, le relier au tangible, au concret, c’est compiler, mettre en lien, en perspective. C’est aussi symboliquement relier le visible (les branches), et l’invisible (les racines), le cosmique et le tellurique.

L’intelligence du zèbre est guidée par son hypersensibilité. Toutes ses petites connections telles les racines de l’arbre sont en alerte permanente et puisent de l’information pour alimenter, affiner, la pensée.

Parler de la pensée en arborescence du surdoué sans y associer l’hypersensibilité est bien regrettable. Cette façon de poser son regard sur les choses est, je trouve, très symptomatique de notre société. Nous avons la sale manie, de couper, de tronçonner ( et oui, surtout les arbres) de façon spécifique, et de perdre ainsi le sens global, le lien, le plein, le puissant, la substantifique «sève»!

C’est entre autre pourquoi ce monde est difficile pour le haut potentiel et pourquoi également sa définition est bien souvent insatisfaisante car morcelée. L’intelligence du HP, ce qui fait sa pertinence c’ est justement sa faculté à mettre en lien les choses, à relier et ce de façon très fine, inattendue et, il faut bien le dire, souvent dérangeante pour un monde qui aime segmenter et rationaliser.

Certains zèbres, de par leur histoire, auront tendance à se scinder. Certains pris dans des émotions envahissantes auront du mal à rationaliser leur pensée. D’autres mal à l’aise avec leurs émotions auront tendance à tout intellectualiser.

Quand la racine inspire la branche, et que la branche interroge la racine, l’unité est permise. Le surdoué doit trouver son unité. Ceci est vrai pour chaque individu mais plus fondamental, plus vital, pour le surdoué.