Tout d’abord, il est essentiel de rappeler que chaque personne est absolument unique, et possède des talents bien souvent insoupçonnés, surdoués ou pas.

Les éléments de réponse que je suis amenée à donner ne concernent bien évidemment pas tous les hauts potentiels. Certains trouveront plus facilement leur place dans l’existence. Certains auront eu durant leur enfance un terreau plus favorable que d’autres à leur épanouissement.

Le surdoué a besoin d’une sécurité affective décuplée

Ce terreau devant avant tout être constitué, d’une sécurité affective, d’un accueil bienveillant, dont le surdoué a absolument besoin. Comme tout le monde allez-vous me dire ; Non justement, pas vraiment comme tout le monde.

Plus que la moyenne en quantité mais surtout en qualité. En quantité car les zèbres ont une forte intensité qui demande à être nourrit. En qualité, son extrême sensibilité lui faisant ressentir chaque enjeu, chaque fausse note.

Lorsque l’on parle de la problématique des surdoués/zèbres, nous entendons souvent la réflexion somme toute bien légitime, suivante :

Mais comment est-ce possible qu’une personne plus intelligente que la moyenne (même si intelligence différente), hyper-empathique puisse avoir des problèmes relationnels et être complètement inhibée. Le propre de l’intelligence n’est-il pas de s’adapter?

Et bien voilà tout le paradoxe.

C’est lorsque et parce que le haut potentiel cherche à s’adapter ou plus exactement à se sur-adapter aux autres, aux situations, que les ennuis arrivent!!

Pour réussir sa vie, le zèbre doit accepter son intelligence intuitive

Le haut potentiel ayant un fonctionnement différent de la norme, possédant une intelligence plus intuitive que déductive et donc plus individuelle (moins modélisable) doit, pour réussir dans la vie mais surtout pour réussir sa vie, apprendre à se faire un minimum confiance, à suivre son intuition, sans redouter le regard des autres sans chercher à faire comme les autres, sans peur de déranger, sans peur du jugement d’autrui, et assumer de s’y prendre de façon peu académique.

Oui mais voilà ; Son hypersensibilité, son hyper-empathie, son doute permanent, son manque de confiance en lui, son besoin d’être aimé, ce décalage permanent qu’il ressent et pour lequel il ne trouve pas d’explication satisfaisante, l’entravent fortement et le pousse à tenter de faire comme les autres pour ne pas se faire remarquer et être accepté.

Pourquoi le conformisme est source de confusion dans la vie d’un haut potentiel ?

Seulement plus un haut potentiel se conforme, plus il se perd car plus il se réduit. Il devient un ersatz de lui-même tiraillé par une intensité folle qui l’appelle et l’interpelle à un autre niveau mais dont il ne sait trop quoi faire, comment faire, et ce que cela signifie.

En fait le surdoué peut avancer dans la vie dans une profonde confusion, une image déformée de lui-même. Pourquoi?
Parce qu’il s’est construit (ou tente de se construire) sur un mal entendu. Ce mal-entendu quel est-il?

Dans la tête de la plupart des gens, un surdoué c’est une personne qui est au-dessus des autres, qui fait tout plus vite, plus facilement, plus brillamment, qui connaît tout sur tout.

Or non, le surdoué n’est pas forcément un petit génie omniscient. Le zèbre est avant tout une personne qui se pose plus de questions que la norme, qui interroge et s’interroge plus que la norme, qui perçoit le monde de façon décalée, exacerbée, et qui a bien du mal à faire ce que les autres font facilement, naturellement.

Pour accepter son intelligence, le surdoué doit comprendre son fonctionnement

La construction des individus passe, entre autres, par le regard, la comparaison aux autres. C’est le pouvoir des neurones miroirs.

Lorsque Le surdoué ignorant son fonctionnement observe les choses, les autres, il ressent un profond décalage entre ce qu’on lui raconte, ce que les autres font et l’analyse intellectuelle et émotionnelle que lui a.

Quelque chose ne colle pas, il ne se reconnaît pas, il ne comprend pas. Nombre de choses lui semblent totalement incohérentes, sans sens. Ce décalage qu’il va tenter parfois d’expliquer maladroitement car somme toute assez confus et qui ne recevra pas vraiment d’écho, va le plonger dans une profonde perplexité, une confusion intellectuelle et émotionnelle.

Le doute est le pire ennemi de l’estime de soi chez le surdoué

Cela va contribuer à le faire encore plus douter de lui-même. C’est ainsi qu’ il peut passer sa vie à penser qu’il a un problème, chercher à résoudre ce problème et par là même passer à côté de lui-même. Il peut passer d’ailleurs des années chez les psys à tourner en rond, à chercher le pourquoi du comment!!

Le surdoué ignorant son fonctionnement, voit principalement ce qu’il n’arrive pas à faire. Il sous-estime totalement ce qu’il fait de façon remarquable. Il le sous-estime et (ou) l’inhibe car il sait d’instinct que cela peut déranger et l’isoler, ce qu’il redoute particulièrement. Généralement déjà tout petit sa façon d’interroger, d’interpeller, d’être, à gêné et il s’est fait rabrouer.

Il s’est fait taxer d’insolent, d’impertinent, de «spécial» et cette expérience a été très cuisante (n’oublions pas que chez lui tout est exacerbé).

L’enfant haut potentiel peut souffrir dès l’école

Enfant, il peut rapidement être mis à l’écart. Les cours d’écoles ne sont pas tendres pour les enfants atypiques. Il peut facilement être en échec scolaire car l’enseignement classique peut ne pas lui convenir. Il risquera d’autant plus le décrochage scolaire qu’il sera en insécurité affective. L’enfant surdoué a besoin de bienveillance.

Il va donc avoir, car les autres vont lui renvoyer, une image déformée de lui-même.

Il peut donc ainsi enregistrer très tôt de mauvaises expériences et valider pour son plus grand malheur qu’il est limité, peu aimable, et inadapté!!

Ce constat est terrible pour cet hyper-sensible qui ressent tout de façon suraigüe, cet hyper- empathique qui ne rêve que de comprendre le monde de l’autre, d’amour, de lien, d’harmonie!!

Un besoin d’amour très important chez le petit zèbre

L’amour est vital pour tout êtres vivants. Le zèbre est une personne particulièrement intense.

Son besoin d’amour est décuplé de part son intensité mais également de part les rejets qu’il engendre ou a engendrés.

Il peut donc consacrer toute son énergie à essayer de faire comme les autres, à essayer de comprendre les rapports humains, pour être en lien, pour avoir des amis, pour être aimé.

Pour cela, il va inhiber sa personnalité, se contorsionner douloureusement et dangereusement car cela va l’entrainer dans la perte de son identité. C’est ainsi qu’à l’âge adulte, il peut-être complètement perdu, ne sachant ni qui il est, ni ce qu’il aime, ni ce qu’il veut, ni comment il fonctionne.

Un enfant surdoué perdu ça donne quoi à l’age adulte?

Sa créativité et son intensité, propre au comportement du surdoué adulte,vont s’assombrir.Il sent au fond de lui un bouillonnement, une force, une énergie, un besoin d’agir dont il ne sait quoi faire. C’est ainsi que peuvent apparaître des troubles graves: phobies, troubles alimentaires, scarification, conduites à risques, etc.. Qui ne sont que la manifestation négative de son intensité.

Comme sa construction est bancale, qu’il a une mauvaise estime de lui, et peu de confiance, il ne s’autorise pas à suivre son intuition et ne croit pas en lui, en ses capacités. Son passé bien souvent chaotique et douloureux ne l’aide pas. C’est ainsi que certains zèbres s’étiolent, ou deviennent asociaux, se coupent du monde…

C’est pourquoi il est essentiel, primordial, vital pour ces personnes d’identifier leur douance, pour avoir une lecture claire d’elle-même, de leur histoire, et comprendre et accepter enfin leur différence et la vivre comme un véritable atout même si cela reste parfois compliqué et douloureux.

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